"L’apôtre des Hautes-Alpes" : un documentaire de Présence Protestante

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Le sport a ses champions, l’olympisme ses médaillés, le cinéma ses héros, la politique ses élus, et le catholicisme ses saints. Que restent-ils aux protestants ? C’est ce que l’on va voir dimanche.

"Écoutez, mes frères et sœurs bien-aimés : Dieu n'a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour les rendre riches dans la foi et héritiers du royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment ?" La Bible, Épître de Jacques, chapitre 2

Il existe en France des vallées reculées que ne renieraient pas Tolkien ou Conan Doyle. C’est le cas de la vallée de Freissinières, à l’ouest de la national quatre-vingt-quatorze, dans le parc des Écrins.

On y monte, presque jusqu’au village de Dormillousse, par une route étroite en lacet et sans issue. "Presque", car, le village est juché à environ 1800 mètres d’altitude – selon que l’on fume sa pipe au rez-de-chaussée ou au balcon de la maison de Félix Neff – et, puisque la route s’achève en contrebas, on est obligé de s’y rendre à pied ou à dos d’âne, si tant est que l’on en connaisse un.

Félix Neff, justement, parlons-en puisque ce documentaire lui est consacré. Né en 1797 et mort en 1829, ce Genevois culturellement protestant se convertit sur-le-champ, dans tous les sens du terme "champ", à la lecture dit-on d’un traité donné par ceux que l’on trouvait déjà sectaires à l’époque (c’est pour dire si les clichés ont la vie dure) : les mômiers, autrement dit, les évangéliques.

Persuadé, pour peu que l’on sache entendre ou lire la Bible, que le Salut par la foi et la grâce est chose simple et doit être accessible à tous, Neff entreprit, non pas des études, mais des missions pastorales.

C’est ainsi que, fort de ses convictions, le destin de Neff le conduisit entre Briançon et Grenoble, de village en village, jusqu’à ce qu’il arrive, autour de 1825, alors qu’il n’avait que vingt-huit ans, dans l’une des plus pauvres et reculée vallées qui soit, celle de Freissinières et ses hameaux.

Là, découvrant une population abandonnée, presque non-atteinte, comme cela se dit aujourd’hui, il bâtit, irrigue, agronomise, hygiénise et surtout enseigne, éduque et exhorte afin que les générations suivantes deviennent à leur tour agriculteurs, enseignants ou pasteurs, qu’elles se réveillent et se tournent vers Christ.

Mais le faquin est solitaire et rebelle à l’autorité. Le corps doctrinal lui en veut. Il n’est à l’époque pas reconnu officiellement comme pasteur. Qu’à cela ne tienne, la mission de Neff est bien plus haute que la vallée et bien plus importante que la doctrine officielle. Neff s’accroche à ce flanc de montage et à la Parole de Dieu.

Prêchant, convertissant jusqu’à l’épuisement, le ministère de Félix Neff est aujourd’hui reconnu de tous. Les protestants honorent sa mémoire, les évangéliques admirent son courage et salue sa foi et l’Histoire reconnaît qu’il fut celui qui créa la première école normale de France.

Champions, héros, élus ou saints, quels podiums, piédestaux, perchoirs ou canons ont notre respect et nos hommages ? Comme Valdo, Oberlin, ou d’autres, Neff ne cherchait ni l’admiration, ni la reconnaissance ni la sainteté. Petit bonhomme du XIXe siècle qui vécut quelques années à peine dans les alpages, là où ses pas le menaient, il voulait réveiller les consciences et les âmes afin qu’elles entendent l’appel du Seigneur. Un appel accessible… À tous.

Christophe Zimmerlin pour Présence Protestante


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